Publié le samedi 20 juin 2009 à 11H44



     Les  mouliniers  conseillent  aux consommateurs  de  bien  lire  les  étiquettes



 Les mouliniers doivent être vigilants sur la concurrence déloyale de certains revendeurs ,  mais ils doivent aussi trouver de nouveaux marchés pour écouler la production d' une année exceptionnelle .

    Photo    V.  Farine


  
Dans la profession ,  il n' y a pas si longtemps que cela ,  on avait plutôt l' habitude de laver son linge sale en famille .


   Ce n' est plus le cas aujourd' hui .

   " Que ce soit le syndicat  Provence  ou  Aix  ou  celui des oléiculteurs de la  Vallée des Baux ,  nous avons décidé de ne rien cacher .   Cela passe aussi par dénoncer les voyous " ,  explique  Jean - Benoit  Hugues ,  du  Moulin du Castellas  aux  Baux .   Ces  " voyous "  sont clairement identifiés à la fois par les mouliniers et par les services de la  Direction générale de la consommation ,  de la  concurrence et de la répression des fraudes  ( DGCCRF ) .   Ce sont essentiellement ceux qui usurpent le qualificatif géographique  " Provence "  pour vendre de l' huile de provenance essentiellement espagnole .


   On les croise le plus souvent sur les marchés .   Pas d' adresse fixe ,  généralement pas de nom sur les étiquettes ,  difficilement repérable .   " Il y a quelque temps ,  nous avions eu quelques problèmes de ce type sur le marché de  Saint - Rémy ,  aujourd' hui on sait qu' il y en a sur  Aix ,  sur le marché du  Jas de Bouffan .   En tant qu' oléiculteur ,  nous considérons que c' est de la concurrence déloyale . "


   D' autant que cette vraie huile d' olive faussement provençale est vendue à des prix bien moins élevés que les AOC régionales .

   " L' huile  AOC  Vallée des Baux  est vendue en moyenne entre  16  et  23  €  le litre .   En  Espagne ,  en vrac ,  elle est vendue  1,80  €  le litre  et  revendue l' été sur les marchés  14  €  le litre ! "

   Les fraudes effectuent chaque année des séries de contrôles sur les marchés et dans les grandes surfaces pour dépister la conformité des produits avec les notions d' huile vierge  et  extra - vierge ,  leur typicité par rapport aux critères précis d' une  AOC ,  et surtout la véracité de l' étiquetage qui se révèle parfois trompeur .   C' est sur ce point que l' on comprend tout l' intérêt pour le producteur et le consommateur ,  d' une  AOC  ou  AOP  ( appellation d' origine protégée ) .   Une mention qui sera obligatoire ,  en toutes lettres ,  dès le 1er juillet .   " Il ne faut jamais se fier à ce que dit le vendeur oralement .   Le consommateur doit être méfiant . "



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Les  3  questions à  Oliviers  Nasles ,  président de l' Afidol


1 /  C'est quoi un vrai fraudeur?

"C'est quelqu'un qui n'affiche pas clairement l'origine de son produit. Le problème, ce n'est pas l'huile espagnole, c'est qu'elle est vendue sous l'appellation Provence."


2 /  Comment le consommateur peut-il s'y retrouver?

"L'appellation d'origine contrôlée permet d'identifier les producteurs et la zone de production mais précise aussi la typicité. Une huile AOC des Baux a deux typicités précises: vert (herbe, amande) ou noir (sous-bois, truffe). Si l'huile que vous testez a un goût de fruits rouges, c'est une huile du sud de l'Espagne. Au goût, il est possible de dire d'où provient une huile.
L'AOP ou AOC est cependant simplement un gage d'identité, après une huile peut plaire ou déplaire. Son prix est un critère de rareté"


3 /  Comment se porte l'interprofession dans ce contexte?

"L'interprofession est en pleine action. Nous devons faire face à de grosses productions. Au lieu des 4500 tonnes en moyenne nous avons fait 7000 tonnes. Aujourd'hui, on se retrouve avec 1000 à 1500 tonnes qui ont du mal à trouver des marchés. Ceux de l'épicerie fine sont saturés. Il y a la grande distribution ou l'export. Sauf que face à un marché en crise, nous arrivons avec un produit qui est trois à quatre fois plus cher que le cours mondial de l'huile d'olive."



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La  Fare  :  le moulin de la Fare

 

Le moulin de La Fare est l'un des plus vastes du Pays d'Aix-en-Provence, le deuxième du département. Il s'est même hissé à la cinquième place des moulins de France. Triturant 600 à 700 tonnes d'olives par an, il parvient en moyenne à la fabrication de 120000 litres d'huile dont la majeure partie est classée en Appellation d'origine contrôlée. "Ce qui fait la différence au niveau de la clientèle, c'est la vente directe au moulin. C'est sur ce terrain-là que l'on fait échec à la fraude. Même si on ne peut pas les battre sur les prix", explique-t-on à la boutique. "Que ce soit de l'AOC (c'est-à-dire répondant à un cahier des charges précis) ou de la traditionnelle (méthode de trituration propre au moulin, ndlr), l'atout de poids de nos huiles nonobstant leurs spécificités, c'est d'avoir une identité clairement traçable à la fois de lieu de production et de fabrication." 



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Quelles  AOC  ?


Voici actuellement les appellations d'origine contrôlée parfaitement identifiables sur les étiquettes: AOC "Huile d'olive de Nyons" (1994), AOC "Huile d'olive de la vallée des Baux-de-Provence" (1997), AOC "Huile d'olive d'Aix-en-Provence" (1999), AOC "Huile d'olive de Haute Provence" (1999), AOC "Huile d'olive de Nice" (2001), AOC "Huile d'olive de Nîmes" (2004), AOC "Huile d'olive de Corse" ou "Huile d'olive de Corse — Oliu di Corsica" (2004), AOC "Huile d'olive de Provence" (2007). La mention "huile d'olives de France" n'est pas une AOC mais une marque collective qui garantit que les huiles proviennent d'oliviers cultivés en France.



    
Par  Sylvie  Peres - Lugassy   (  speres-lugassy@laprovence-presse.fr  )          



Tag(s) : #Economie régionale
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